Carrefour vibrant de savoir-faire et de cultures : sur les traces de la route de la soie
Caractérisée par un enchevêtrement de routes commerciales reliant l’Extrême-Orient et l’Europe en passant par l’Inde, la route de la soie joua durant des siècles un rôle primordial dans l’ensemble des échanges commerciaux entre l’Orient et l’Occident, mais fut aussi un carrefour vibrant de cultures, de religions et d’artisanats.
Berceau du mélange des plus grandes civilisations, c’est notamment grâce à elle que l’on doit l’arrivée en Europe des Kanthas et des Suzanis, prouesses d’artisanat et de savoir-faire ancestraux qui viennent apporter une touche d’ailleurs dans notre décoration intérieure.
Focus sur la naissance de la route de la soie, ainsi que les techniques de fabrication artisanales des kanthas et des suzanis.
© Brian W. Ferry pour Condé Nast Traveler – © Jamini
Les origines fascinantes de la route de la Soie
Matière à la fois douce, résistante et chatoyante, la culture de la soie naquit en Chine dès le milieu du IIIᵉ millénaire av. J-C. Selon la légende, l’art de dérouler les cocons des vers à soie aurait été découvert par hasard par une impératrice : alors qu’elle buvait du thé à l’ombre d’un mûrier, un cocon tomba dans sa tasse. Plutôt que de l’en extraire, elle l’examina et découvrit qu’en tirant sur un fil, le cocon pouvait se dérouler en fine fibre.
Ce savoir-faire resta secret jusqu’à la fin du IIIᵉ siècle av. J-C, lorsqu’un empereur entreprit de rallier les tribus de l’Asie centrale pour bâtir des alliances, découvrant alors des chevaux plus robustes que ceux de Chine. Il imagina d’échanger de la soie contre ces chevaux, ouvrant les premiers liens entre la Chine et les marchés occidentaux, dont l’empire romain en plein essor.
Chang’an (aujourd’hui Xi’an), alors capitale chinoise, devint le point de départ de centaines de routes sinueuses, dont l’une menait jusqu’au Gange en Inde.
© laterredufutur
© Claudio Cambon
Le Kantha
Acheminés en Europe par la route de la soie, ces tissus matelassés et brodés furent d’abord appelés “quilt” (du latin culcita, “sac rembourré”), avant de prendre le nom de Kantha. Pendant des siècles, les femmes de Bengale cousaient sur de vieux saris et dhotis des rangées complexes de points pour créer des édredons sans ouate, transmis de mère en fille comme précieux talismans familiaux.
Le savoir-faire du kantha
Chaque Kantha est unique, reflet de la main de son créateur, des motifs géométriques aux scènes figuratives. Au XXᵉ siècle, avec le renouveau du khadi prôné par Gandhi, la broderie Kantha gagne en sophistication et rejoint les garde-robes sous forme de saris, étoles ou châles.
Aujourd’hui, ces pièces recyclées trouvent place en bout de lit, sur un canapé ou en plaid, accompagnées de coussins indiens pour une note bohème et cosy.
Le Suzani
Originaire d’Ouzbékistan, au cœur de l’Asie centrale, le Suzani (du persan “suzan” : “aiguille”) est une broderie traditionnelle conçue sur coton ou soie. Initialement destinée aux yourtes comme panneau protecteur, elle devint dot nuptiale, ornée de symboles de chance, santé, longévité et fertilité.
Réalisés en deux parties puis assemblés, les Suzanis utilisent seulement quatre points : tambour, basma, chaîne et kanda-khayol. Les motifs—soleil, lune, fleurs, vignes, fruits et oiseaux—leur confèrent un pouvoir spirituel protecteur.
Chaque pièce raconte une histoire, qu’on utilise en jeté de lit, nappe ou même tableau mural. Découvrez notre sélection de tissus indiens uniques.
Suzanis brodés à la main © MunaYuuni
Sources
https://www.nationalgeographic.fr/histoire/les-origines-fascinantes-de-la-route-de-la-soie