Giovanna Del Sarto, photographe engagée

Giovanna Del Sarto

Giovanna Del Sarto, photographe engagée

Aujourd’hui, nous vous présentons notre amie photographe Giovanna Del Sarto.

Usha a rencontrée Giovanna il y a quelques mois à Paris, et elle a tout de suite adoré sa personnalité pétillante. La photographe a présenté à Usha son dernier projet, “A Polaroid for a Refugee” : elle tire le portrait polaroïd des réfugiés qu'elle a rencontrée, et leur offre ensuite le cliché. L'initiative de l'artiste a pour but de capturer l’essence de l'une des plus grandes problématiques de notre société aujourd’hui dans le monde : l'exil. Ce projet humain et engagé résonne en écho à l’univers de Jamini – nous racontons les histoires des hommes et des femmes à travers nos créations.

L’empathie de Giovanna et son sens artistique nous inspirent, et nous sommes très fières de vous présenter son portrait !

Giovanna Del Sarto

© Giovanna Del Sarto

Qu'est-ce qui t’a inspiré pour démarrer ce projet incroyable ?

J’étais fatiguée d’entendre constamment les gens se plaindre des migrants sans offrir aucune solution concrète à la crise. Au mois d’octobre dernier, j’ai décidé d’aller me confronter à la réalité. Nous sommes en train de connaître l'un des plus grands cas de migration qu’on n’ait jamais eu. Cependant, ces gens ne sont pas en train d’envahir l'Europe; ils cherchent plutôt un endroit où ils pourraient se sentir en sécurité.

Je veux être une personne qui puisse dire la vérité sur ce qui se passe exactement. Tu dis à propos de tes images quelles sont le fruit d’une relation de confiance entre toi et ces personnes - comment as-tu fait dans les camps ?

Pour ce projet, ma façon de me documenter venait de l’envie de m’impliquer plus activement dans l’aide aux réfugiés. J’ai décidé de faire du bénévolat et en Avril 2016, je suis allée au camp d’Idomeni de Thessalonique. C’est un tout petit village à la frontière avec la Macédoine.

Malheureusement, ces personnes n’ont nulle part où aller car la frontière de la Macédoine a été fermée de façon permanente. Dans ces circonstances, j’avais alors beaucoup plus de temps pour construire une relation avec certains réfugiés autour de cafés, de rires et de prises de photos en Polaroid.

Quelle a été la réaction que tu as eue auprès des hommes et des femmes que tu as photographiés ?

Leur réaction a été incroyable. Ce fut une grande source de plaisir pour nous tous. Tout d'abord grâce au côté drôle et divertissant de prendre une photo. Mais aussi la beauté du polaroid qui sort, quand l'image se révèle ; cela faisait sourire tout le monde.

Plus important encore, cette petite image a été conservée comme un trésor. Une fois, une famille venant de Syrie m'a dit combien ils avaient apprécié que je leur donne le Polaroid : ce fut un sentiment incroyable, surtout en tant que photographe qui promet toujours d'envoyer des images aux gens et qui le fait rarement.

un garcon et deux filles voilées

© Photos polaroïd par Giovanna Del Sarto

Ton projet vise à interpeller la population mondiale quant à leur indifférence. Peux-tu nous parler de quelques-unes des réponses que tu as eues ?

Je suis tellement impressionnée par la réponse positive qu’a reçu mon projet « A Polaroid for a Refugee ». Comme je tiens à le dire : « Ce projet se porte tout seul. Cela ne m’importe pas vraiment d’en faire la promotion ou non ».

L’une des meilleures réactions que j’ai reçue a été lorsque les gens me demandaient des détails concernant le volontariat dans ces organismes humanitaires. « A Polaroid for a Refugee » existe pour aider les gens à réfléchir et à faire preuve d'empathie envers ces personnes en difficulté.

Aujourd’hui encore, les gens continuent de me dire qu'ils sont très touchés par mes Polaroids.

Pour raconter le parcours d'une personne à travers la photographie, cela nécessite de prendre le temps de comprendre vraiment ses histoires passées. Pourrais-tu partager avec nous une histoire qui t’a particulièrement frappée ?

Comme vous pouvez l'imaginer, chaque polaroid à une petite histoire qui s'y rattache. Je vais vous raconter l'histoire de Narimare et moi.

Comme je l'ai mentionné précédemment, je suis allée faire du bénévolat au camp d’Idomeni. Une fois là-bas, n’ayant aucun endroit pour dormir, je demandai à Narimare, une femme syrienne, si je pouvais placer mon sac de couchage en dehors de sa tente. Narimare voyageait avec ses 6 enfants (de 4 ans à 15 ans). Elle souhaitait retrouver son mari en Allemagne. Cependant, une fois en Grèce, elle avait été coincée à la frontière.

Narimare était une femme forte toujours souriante. C’était aussi une mère, et je commençais à comprendre qu'elle ne pouvait pas faire autrement pour le bien de ses enfants.

Nous sommes restées en contact par WhatsApp ; plus tard, elle a réussi à introduire clandestinement sa famille à travers la frontière Macédoine, mais la police les a renvoyés en Grèce. Elle m'a contacté complètement désespérée. J'ai essayé de l'aider à trouver un endroit sûr pour rester à Athènes. Quelque chose est arrivée entre temps, et j'ai perdu le contact.

J'espère vraiment qu'ils vont bien, où qu'ils soient.

Tu décris la capture d'un moment dans la vie d'un réfugié comme une évasion de tout ce qu'il traverse – penses-tu que c’est le rôle fondamental de l'art d'offrir une autre perspective du moment présent ?

L'art est la plus belle forme de transposition de la réalité en quelque chose dont les gens peuvent profiter. Ce fut le cas avec ce projet. Je constate que la triste situation des migrants a contribué à l'épanouissement de plusieurs projets artistiques.

Je veux croire que « A Polaroid for a Refugee » a finalement ce rôle: montrer aux gens que nous sommes tous les mêmes, peu importe d'où nous venons, ce que nous croyons ou ce que nous mangeons.

Tu partages avec Jamini la même façon de créer de belles œuvres personnelles qui racontent des histoires - si Jamini était une photographie, laquelle serait-elle ?

Si Jamini était une photographie, ce serait un tourbillon de couleurs qu’on embrasse à tout moment :)

Ton travail encourage l'ouverture sur les différentes cultures qui sont si importantes dans la reconnaissance de notre humanité partagée. Donne-nous ton aventure de rêve en Inde. J'aime l'Inde.

J'y suis allée plusieurs fois et plus récemment l'an dernier. Ce fut un voyage spécial parce que ma nièce Monica et moi-même avons honoré les dernières volontés de mon frère Marcello d'avoir ses cendres dispersées sur la rivière du Gange. Marcello était très ouvert à la culture de l'Inde et il a été celui qui m’a inspiré tant d'amour pour ce grand pays.

Chaque fois que je vais en Inde, c’est une aventure de rêve.

Qu’elles sont les idées pour ton prochain projet que tu souhaites partager avec nous ?

En Octobre je vais à Varanasi pour assister à un atelier de photographie par le photographe italien Fausto Podavini. J’espère vraiment que l'Inde serait mon prochain sujet !

Toutefois, en Novembre, je vais retourner dans les camps de réfugiés pour continuer à donner plus de Polaroïds.

un garcon et une femme voilée

© Photos polaroïd par Giovanna Del Sarto

réfugiées

© Photos polaroïd par Giovanna Del Sarto

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