Inspiration et poésie : les fleurs dans l'Empire Moghol
L'Inde est un formidable berceau culturel où convergent depuis des siècles des influences hindoues, bouddhistes, musulmanes, perses et chrétiennes. L'État du Rajasthan, par exemple, possède un patrimoine exceptionnel qui se reflète dans les somptueux bâtiments qui ornent ses villes.
L'Empire Moghol a régné en Inde du 16e au 18e siècle. Pour construire leurs mausolées et leurs mosquées, les souverains moghols avaient besoin de bâtisseurs et de sculpteurs experts indiens, habitués à construire des temples en pierre. Un élément décoratif en particulier a lié les artisans de ces deux grandes civilisations : les fleurs. En Inde, les fleurs ont toujours été une source d'inspiration inépuisable pour les artisans et leur artisanat, et ont influencé les peintures, les tissages, les sculptures et les gravures.
Voici quelques exemples des plus belles collaborations : résultat d'une formidable fusion entre les mouvements artistiques moghols et hindous, qui nous montrent toute la beauté créée par le respect mutuel et une vision commune.
© Jérôme Galland - © Pinterest
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La technique de la Pietra dura
Créée par les Florentins à la fin du XVIe siècle, la technique de la Pietra dura (littéralement pierre dure en italien) consiste à incruster des pierres semi-précieuses dans du marbre. Pour ce faire, le motif doit d'abord être dessiné ; l'artisan doit ensuite tailler les différentes pierres selon le plan précis du dessin, et travailler la profondeur de la pierre pour qu'elle s'intègre parfaitement au marbre.
Remarquable travail de précision et de savoir-faire, c'est la superposition des différentes pierres et de leurs couleurs qui donne vie au motif.
Initialement sculptés par les hindous, les motifs ont été incrustés selon cette technique, ramenée d'Europe par l'empereur moghol Shah Jahan. Des pierres telles que le grès rouge et le lapis-lazuli ont été utilisées, donnant un relief et un éclat uniques aux bâtiments déjà décorés de sculptures.
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Les fleurs mélangées à des motifs géométriques
Sous l'influence de l'Empire moghol, la grâce de l'architecture perse s'allie aux formes de l'architecture hindoue. Le grès rouge, les chapiteaux, les corniches et les kiosques étaient tempérés par la rigueur géométrique de l'architecture islamique, qui évite la monotonie par son jeu de pierres de différentes couleurs.
Les colonnes hindoues étaient décorées de motifs géométriques d'inspiration musulmane, et se mêlaient aux arcs islamiques. Symbole de cette coopération entre artisans hindous et musulmans, les motifs floraux étaient mélangés aux motifs géométriques islamiques. Les artistes hindous ont gravé le marbre et le grès de calligraphies coraniques, tout en sculptant des fleurs de lotus.
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Les miniatures mogholes
En 1544, Sher Shah, un Afghan, puis son frère Mirza Kamran, infligent de lourdes défaites à l'empereur Humâyûn et le contraignent à s'exiler en Perse (Iran actuel). Il découvre alors l'art de la miniature iranienne et en tombe immédiatement amoureux.
Lors de sa reconquête du pouvoir, Humâyûn ramène quelques artistes et peintres persans. Son fils, l'empereur Akbar, ayant eu un tuteur persan, décide de créer un atelier de peinture dans lequel travaillent des artisans persans et hindous. De cette fusion des styles perse et indien est née l'école moghole et l'art de la miniature moghole. Oiseaux, fleurs et autres motifs ornent les scènes de cour, de chasse et de guerre ainsi que les représentations de princes et de nobles. Le dessin devint très fin, les couleurs plus raffinées et l'or appliqué avec des pinceaux de quelques poils seulement pour une précision maximale.
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Le Fort Rouge, cœur politique de Delhi
Commencés en 1526 par le premier empereur moghol et portés à un splendide raffinement par Shah Jahan, petit-fils d'Akbar, le plan et la conception du Fort Rouge représentent l'apogée de la collaboration entre les civilisations hindoue et moghole, avec une fusion des traditions islamiques, perses, timourides et hindoues.
Également connu sous le nom de Palais-Fort de Shahjahanabad (on doit le nom de Fort Rouge aux Britanniques), l'architecture de ce grand bâtiment est issue de l'art moghol. Il s'agit d'un vaste complexe, dont les murs d'enceinte sont couverts de tours. À l'intérieur de ces tours se trouvent des mosquées, des palais impériaux et des bâtiments en marbre. Le fort lui-même prend la forme d'un octogone décoré de marbre et de gravures de motifs floraux d'origine indienne.
Le Fort Rouge est un lieu très symbolique pour les Indiens. C'est d'ici que le Premier ministre s'adresse au peuple le 15 août, à l'occasion de la fête de l'indépendance du pays. C'est ici que des milliers de manifestants ont défilé pour obtenir la souveraineté de l'Inde et la libération de son peuple.
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Le Taj Mahal, une symbiose de l'art hindo musulman
De 1632 à 1648, l'empereur Shah Jahan fait construire le Taj Mahal en hommage à son épouse préférée, morte en couches. Le mausolée, édifice de grès rouge recouvert de marbre blanc, est décoré de pierres précieuses comme le lapis-lazuli d'Afghanistan, ainsi que de bandes de calligraphie noire en Pietra dura. Ce blanc, changeant selon les heures du jour, est la couleur du deuil, de la paix et de la pureté en Inde.
Merveille d'harmonie dont la symétrie parfaite n'est brisée que par son niveau d'eau, le Taj Mahal -Palais de la Couronne en persan- est le symbole de cette collaboration entre les civilisations hindoue et musulmane, qui magnifie notre héritage commun.
Chaque saison, nous sommes inspirés et nourris par de magnifiques motifs floraux que nous utilisons sur nos coussins indiens, notre linge de table et nos accessoires de voyage. Nos designs sont le reflet de notre riche héritage indien, mélangeant souvent la douceur des tiges et des pétales de fleurs avec un fort motif géométrique sur les bordures. Notre palette de couleurs est forte, mais harmonieuse, ce qui donne à notre gamme une esthétique contemporaine unique, et la possibilité de créer de magnifiques intérieurs que vous soyez à la ville ou à la campagne.
C'est cet esprit d'influences mutuelles que Jamini a toujours eu à cœur de promouvoir, celui d'un art de vivre indien qui rencontre l'élégance française.
© Jérôme Galland
Source
http://dp.mariottini.free.fr/carnets/inde/arts-moghols.htm